Compte-Rendu N°10 - Novembre 2019


Enquête sur les possibilité d'amélioration du nombre de consultation

Ce mois de novembre a été plutôt éprouvant pour nous, pris entre longue patience sur des projets commencés et intense réflexion sur ce dispensaire Padre Pio des capucins.

Les semaines passant, les rencontres et les échanges se faisant, nous sommes arrivés à nous demander pour quelles raisons ce dispensaire ne parvenait pas à drainer davantage de consultations, malgré l’énergie mise par nous-mêmes et pas les précédents volontaires. Nous avons ainsi envoyé des étudiants parrainés en enquête porte-à-porte, nous avons échangé avec d’autres communautés, et nous avons visité un Centre de Santé de Base (CSB) de l’Etat, situé à 3 km.

Il ressort de ces recherches:
- que les patients ont plutôt connaissance de l’existence de notre dispensaire,
- mais que nos tarifs sont tout de même plus élevés que dans le public (5 000 Ar la consultation contre 0 dans un CSB public), et que du temps du Père Pascal à la création tout était plus ou moins gratuit puisqu’il injectait 20 000 € par an …
Mieux vaut se faire soigner gratuitement malgré une qualité des soins inférieure pour la majorité des patients du voisinage.
Comment lutter contre cela ?
- Soit se positionner vers une patientèle très pauvre, mais nécessitant l’injection de fonds externes.
- Soit se positionner vers une patientèle aisée, mais notre dispensaire est dans un quartier trop périphérique et mal desservi.

Nous avons aussi réalisé à quel point la structure manque de leader charismatique : les capucins sont totalement désengagés et désinvestis, que ce soit localement ou au niveau du provincial, et la communauté a très mauvaise presse localement… Ca n’aide pas non plus…


Evolution de nos projets

Nous mettons aussi à rude épreuve notre patience sur de nombreux projets en cours, qui paraissent si simple : partenariat Ceres, sensibilisation dentaire dans les écoles, activité Nutricartes pour le Programme de Nutrition Scolaire(PNS), installation d’un centre de prélèvement sanguin, mise en place du dépistage des cancers gynécologiques … Voilà plusieurs projets initiés depuis 2 à 9 mois …. Qui peut être déboucheront enfin en décembre !

Reprenons ! Le Ceres est une ONG favorisant l’accès à l’éducation d’élèves venant de brousse. Nous envisageons un partenariat avec eux de façon à ce qu’ils bénéficient d’un tarif préférentiel pour l’accès aux soins à Padre Pio. Les négociations ont duré déjà plusieurs mois pour parvenir à cet accord assez simple, mais voilà deux mois maintenant que nous attendons d’obtenir un moyen d’identification de ces élèves …

Depuis septembre, nous avons créé une petite présentation pour sensibiliser les jeunes à l’hygiène dentaire. Nous comptions sur un étudiant dentaire censé venir en stage dès début novembre, qui n’est pas venu, qui viendra peut-être en décembre, ou pas, ou peut-être en janvier … Nous allons pouvoir rebondir avec d’autres étudiants parrainés intéressés ; mais le premier établissement visé repousse régulièrement ses dates pour cause d’élections, déplacements, examens …. Prochaine date en vue : 19 décembre.

Le contact avec la Fondation Mérieux pour la formation et l’obtention de Nutricartes (programme d’aide à l’éducation nutritionnelle adapté à notre PNS) remonte au mois de mai. La formation a finalement eu lieu début octobre ; Anne n’a pas pu s’y rendre ayant déjà d’autres engagements. D’autres intéressées de Fianarantsoa ont pu la suivre, mais entre les vacances de l‘une, et une fête de la communauté de l’autre, la restitution de la formation et la délivrance des Nutricartes ne se feront que le 12 décembre ….

Le partenariat avec la Vita per te au sujet des dépistages des cancers de la femme a commencé à être discuté début septembre. Nos sages-femmes ont été formées début octobre. Elles sont désormais capables de sensibiliser les femmes, palper les seins, et faire un prélèvement du col utérin ; le but étant que la suite des analyses et éventuels traitements soient réalisés par le personnel de la Vita Per Te. Mais une grande action dans nos locaux, afin d’apprendre à travailler ici-même et automatiser les acquis, aura lieu seulement le 07 décembre.

Depuis la venue de Jean-Louis Didier de Biologie Sans Frontière, nous envisageons que le dispensaire devienne centre de prélèvement sanguin pour que les analyses soient faites ensuite au Centre Diocésain de Santé. Nous avons déjà eu plusieurs rendez-vous avec le directeur d’abord puis la médecin-chef, mais les choses évoluent lentement … Il faut montrer patte blanche, examiner tous les aspects, retourner la question dans tous les sens … Mais pour l’instant, nous en sommes au même point, nous n’avons toujours pas réussi à obtenir la liste des analyses disponibles … Peut-être nos infirmiers / sages-femmes pourront aller en formation sur les techniques de prélèvement le 12 décembre … ?

Problèmes avec le Dr Perry

Nous avons été confrontés aussi à la différence de perception du monde du travail. En France, lorsqu’un employé ne se présente pas à l’embauche sans prévenir ni s’excuser, cela peut être un motif de licenciement, a fortiori lorsque cela se produit à plusieurs reprises. Ce fut le cas pour notre médecin Perry. Sur le mois d’octobre, il n’aura été présent que 2 jours … Une partie de son absence s’explique par des vacances qu’il nous a imposées la veille de leur début ; une autre partie pour la préparation de sa thèse (prévue le 06 décembre) et ses nombreux rendez-vous préparatoires avec la faculté ; et une dernière partie pour tout ce qu’il ne veut pas nous dire ! Heureusement, son frère Miel était souvent présent pour le remplacer. Mais nous sommes souvent restés décontenancés face à ce comportement, qui serait inadmissible en France, mais toléré ici.

Xavier, notre super stagiaire

Ne restons pas que sur ces notes négatives, il y a malgré tout de nombreux éléments positifs.
Notre super stagiaire Xavier (surnommé le professeur par le reste du personnel) a fait preuve d’un enthousiasme et d’un investissement remarquables. Il a endossé tantôt les rôles d’éducateur, tantôt ceux de pharmacien, agent d’accueil, médecin, infirmier … et toujours avec le sourire.


Xavier sensibilise les patients pour la vaccination et à la Koba

Outils de saisie journalière

Philippe a enfin la satisfaction de voir évoluer les outils de saisie journalière. Adieu les multiples cahiers doublés de l’informatique. Un cahier unique, similaire à l’outil informatique de saisie, permet à Fifie de ne saisir les mouvements d’argent que deux fois (1 version papier et 1 version informatique). Ça n’a l’air de rien, mais ici c’est une petite révolution.

Le Programme de Nutrition Scolaire (PNS)

Notre plus grande réussite de ce mois reste celui du combat mené pour le maintien du Programme de Nutrition Scolaire (PNS). En effet, comme annoncé précédemment, les fonds initiaux arrivaient à terme mi-décembre. Le P. Cyril et Agnès étant d’accord pour maintenir ce projet au sein du dispensaire, il fallait trouver des fonds, et si possible de façon locale et pérenne pour ne pas avoir à se poser la question tous les 6 mois. Nous avons tapé à plusieurs portes : le gouverneur, le directeur régional de santé, l’Office National de Nutrition (ONN), l’ONG GRET, les capucins français et malgaches, le diocèse ; les étudiants parrainés essaient même de monter un projet de financement. Les réponses sont revenues majoritairement négatives, mais nous avons tout de même quelques beaux espoirs. L’ONN réfléchit à nous offrir des sachets de koba aina. Et surtout, Dr Claudine a déjà récolté des fonds ! Nous espérons réussir à monter un projet avec le diocèse via Codfides de façon à trouver une solution pérenne pour janvier 2021 …

Jean-Chrisostome et Charline, deux nouveaux stagiaires

Afin de renforcer la bonne entente avec l’association SEL Mada, nous accueillons Jean-Chrisostome, stagiaire étudiant en 5ème année en gestion et création d’entreprise. Il est très gentil et semble motivé, mais nous partons tout de même d’assez loin puisqu’il découvre à peine l’outil Excel.

Nous accueillons aussi Charline, fraichement diplômée sage-femme, faisant un stage bénévole, en compagnie de son bébé né ici même, il y a 7 mois, avec l’aide de la sage-femme Tantely !

Préparation du notre départ

En vue de notre départ, nous réorganisons petit à petit les parrainages chirurgicaux. Nous renforçons le lien avec la clinique Rafa, avec laquelle nous avons développé une très bonne entente et une belle relation de confiance. La gestionnaire, pleine de gaieté, a ainsi fait la connaissance de Mme Agnès qui sera responsable ensuite du paiement des parrainages. Espérons que cette coopération perdure longtemps. Nous essayons aussi de développer un partenariat avec l’unité chirurgicale du Centre Diocésain de santé(CDS), mais à l’heure actuelle, nous sommes très incertains sur l’issue favorable. Il semble que le CDS préfère ne pas s’intéresser aux plus pauvres.

Nous avons été encore confrontés au manque de rigueur des chirurgiens lors des parrainages de ce mois-ci. Cela concerne deux jeunes, parrainés pour le retrait d’une masse tumorale. Il s’avère que pour chacun, l’analyse du type tumoral n’a pu se faire correctement : fragment non représentatif ni orienté, marge (partie retirée qui semble être du côté sain) insuffisante … C’est un peu comme un coup d’épée dans l’eau, et c’est un peu désespérant d’être sans cesse confrontés au manque de formation et de sens critique des médecins et chirurgiens.

Nos relations avec l’ensemble du personnel se maintiennent dans la confiance et la bonne humeur.

Moments de convivialité

Nous partageons régulièrement de bons moments d’échanges et de convivialité. Anne a enfin cédé aux multiples sollicitations de Ndrasana pour lui faire des tresses. Ainsi elle s’est prêtée au jeu pendant 1h30 un après-midi : deux personnes pour la coiffer … sans oublier qu’il faut encore deux personnes pour la décoiffer, plus les enfants !


L’école René Cassin (école de nos enfants) nous a pris pas mal de temps ces dernières semaines, entre la matinée portes-ouvertes, la matinée cross, les sessions de piscine.

Sinon nous fréquentons régulièrement d’autres volontaires ou résidents, l’occasion de souffler et s’échapper du dispensaire, aussi bien que d’échanger et partager nos problématiques. Nous avons ainsi accueilli un prêtre correspondant DCC venant de Mampikony (entre Majunga et Diego) pour passer quelques jours à Fianarantsoa. Nous avons assisté à la profession des voeux perpétuels d’une soeur des Petites Soeurs de l’Assomption, et découvert ainsi les rites et réceptions malgaches. Et nous restons insatiables de balades et randonnées découvertes.



Philippe et Anne Rey-herme

Email Philippe : p.rey-herme@laposte.net
Email Anne : a.bandin@laposte.net