Mission au dispensaire "Mère Marie Schinina"», à Imady - Madagascar
Maud Lintanf est infirmière dans le Finistère. Elle est partie en mission pour 3 mois à Vohémar, du 15 novembre 2018 au 15 février 2019
CR 3 - Janvier/Février
Direction Imady
Après 8h d’aventures en taxi brousse, j’arrive à Imady. Comme d’habitude, j’ai eu un accueil malgache des plus chaleureux. Dès le lendemain, je découvre le dispensaire.
Au dispensaire d'Imady
Présentation avec l’équipe : Sr Clotilde (infirmière), Sr Georgette (infirmière), Yolande (aide soignante), Mme Hare Clairette (dispentiatrice). Je commence sur les chapeaux de roue car Sr Clotilde est partie accompagner Sr Juliette souffrant d’un cancer à l’hôpital de Fianar.Je débute donc avec Sr Georgette, infirmière, c’est aussi son premier jour au dispensaire. C’est donc une formation mutuelle que nous commençons. Consultations externes, pansements, surveillance des patients hospitalisés, prise en soin des urgences. Le dispensaire est très actif. Certaines personnes font jusqu’à six heures de marche pour s’y rendre. C’est un centre de référence pour les patients souffrant de tuberculose et de lèpre avec du personnel formés. Mais les personnes s’y rendent aussi pour les bonnes prises en soins de Sr Clotilde qui ne recule devant rien.
L’accès aux soins est ici compliqué du fait de l’éloignement de certains villages et d’une route très chaotique pour se rendre à Ambositra, surtout en cette saison des pluies. Les évacuations sanitaires sont très compliquées faute de moyens financiers de la part des patients, pas de véhicule adapté pour les accompagner, pas de transfert possible la nuit. Et aussi du fait qu’ils arrivent dans un état de santé très précaire du fait de l’éloignement de certains villages, nécessitant une prise en soin urgente.
Les prises en soins rencontrées sont diverses allant de la naissance jusqu’au décès. Beaucoup de découverte de tuberculose en lien avec la malnutrition, l’insalubrité. Les soeurs ont un centre pour l’accueil des patients souffrant de tuberculose, il se trouve à 500 mètres du dispensaire sur la colline. C’est un magnifique endroit, bien situé ou les personnes s’y sentent bien grâce aux bons soins de Sr Lucia et Jacqueline, la cuisinière. Un repas leur est servie gratuitement tous les midis: pâtes, riz, haricots blancs…mais les réserves s’épuisent rapidement.
Création d'un potager
Grâce à l’idée de Bruno, nous avons créé un potager devant leur centre. Bruno s’est chargé de tracer les carrés potagers avec l’aide de Jean-Baptiste le gardien de la communauté. J’ai ensuite pris le relais avec Sr Aimée et Jean-Baptiste pour retourner la terre et semer les graines. Il reste maintenant à s’armer de patience pour avoir la joie de les déguster. Cela leurs permettra d’avoir une alimentation plus diversifiée, équilibrée, d’avoir une activité physique et de prendre soin de ses légumes.
Hypertension et rougeaole
Nous rencontrons aussi beaucoup de problème d’hypertension artérielle entrainant des AVC. Et ici pas de scanner…il faut se rendre à Tana… donc très complexe.
L’épidémie de rougeole sévie aussi ici avec des cas graves nécessitants des hospitalisations. Grâce à la maison des hospitalisés financée par AMM, ils peuvent être accueillis dans d’excellentes conditions.
Axes d'amélioration
Deux problèmes rencontrés, les accompagnants viennent s’occuper du malade et sont souvent très nombreux ce qui est difficiles à gérer car leur présence est indispensable. Pour s’occuper du patient, lui servir ses repas, faire sa toilette, le surveiller, - Sr Clotilde souhaiterait construire une seconde maison. - De plus il n’y a pas d’électricité au dispensaire et dans la maison des hospitalisés, ce qui fait que nous nous retrouvons le soir à perfuser à la lampe torche et dans les cas d’urgence cela complique les choses.
Malnutrition
J’ai aussi rencontré beaucoup de cas de malnutrition sévère, en lien avec des décès post partum, infection néo natale, manque de moyens financiers pour acheter du lait (quand problème avec allaitement). Ils viennent donc trouver refuge chez Sr Clotilde ! Durant mon séjour, j’ai pris en soin plusieurs enfants dénutris au pronostic vital engagé. Grâce à la générosité de Bruno, nous avons pu accueillir un enfant et sa mère durant une semaine : nourriture, hébergement. La mère ayant décidée de partir par la suite. Ces cas ne sont malheureusement pas exceptionnels. Nous faisons donc avec les moyens du bord, nous installons un lit et une couveuse dans un des bureaux du dispensaire.
La couveuse
Afin de rendre la couveuse « fonctionnelle » sans électricité, nous chauffons de l’eau, que nous transvasons dans des bouillottes puis nous les installons dans la couveuse pour atteindre une température de 37.5°.
Deux orphelins nourris pendant un an grâce aux donateurs AMM
Dans les villages alentours, le dispensaire est très souvent sollicité pour venir en aide à des orphelins. Avec Sr Georgette nous nous sommes rendus dans le village de Lanière ou nous avons rencontrés deux enfants de 3 ans et 8 mois qui viennent de perdre leurs parents. C’est leur grand-mère de 82 ans qui s’occupe d’eux. Mais elle travaille toute la journée aux champs pour pouvoir, tant bien que mal, les nourrir. Ils sont donc seuls, livrés à eux même. Grâce à vos dons j’ai pu financer leur nourriture pour 1 an.
Formations
En ce qui concerne la formation, nous avons échangé sur l’hygiène, mis des mesures en place, des protocoles de désinfection afin de prévenir le risque de transmission de maladies rencontrées ici hautement contagieuses. C’est maintenant bien rôdé
J’ai aussi fait des formations en matière de diabète, douleur, classification des médicaments et indications avec rédaction de protocole pour support. L’équipe est très dynamique et motivée pour se former c’est donc un bel échange.
Afin d’apporter une touche de bien être dans cette vie difficile, nous proposons aussi des massages afin de soulager les douleurs fortement présentes ici mais insuffisamment soulagées. Mais cela nécessite du temps, et l’activité du dispensaire étant importante il est compliqué pour elle de prendre le relais.
Sr Clothide souhaiterait créer une clinique
Par la suite, Sr Clotilde aimerait créer une clinique : en effet vu la diversité des pathologies rencontrées et le nombre de patients fréquentant le centre cela me semble justifié. Un bâtiment déjà existant pourrait être cette future clinique. Avec une maternité / pédiatrie, nombreuses femmes accouchent à domicile avec des matrones avec des risques pour l’enfant et pour la mère.
Actuellement, une grande salle est dédiée au laboratoire ; Mme Hare analyse les crachats pour le dépistage de la tuberculose. Sr Georgette s’est spécialisée en infirmière échographiste. Sr Lucia va commencer des études de médecine ; lors de son passage à Imady en 2017, Bruno l’a formée pour les extractions dentaires et les détartrages. Yolande l’aide-soignante a reçu de multiples formations : accouchements, ponction d’ascite, soins pédiatriques…
Cette clinique pourra voir le jour lorsqu’il y aura l’électricité.
Elles sont toutes très impressionnantes de par leur dévouement, soins prodigués aux personnes, leur disponibilité, et leur écoute.
La fabrication du papier Antémoro
Lors d’une conversation, j’apprends une semaine avant mon départ qu’elles fabriquaient auparavant, sous un hangar de la communauté, du papier ! L’activité a cessé il y a près de 7 ans.
Je travaille tous les jours avec Sr Georgette qui était à l’initiative du projet. Nous échangeons donc un moment et je lui propose de l’aider. Je rencontre l’ancien chef de l’atelier : Régis qui depuis la cessation de l’activité se retrouve sans travail et vivote. Lorsque je le rencontre et lui parle du papier Antémoro, son visage s’illumine.
Nous partons donc à la rencontre des autres femmes ayant travaillé avec lui. Elles sont elles aussi motivées à reprendre ce travail. Cela permettrai aux Soeurs d’avoir un apport financier supplémentaire pour l’achat de lait pour les prématurés, nourriture pour le centre accueillants les patients tuberculeux, de dynamiser la communauté, créer de l’emploi, de mettre en valeur le savoirfaire de ces personnes
Ils ont déjà le bâtiment pour l’atelier, il sert à ce jour de stockage de bois. En parallèle du travail au dispensaire nous ébauchons un projet avec Sr Georgette. Je lancerai une cagnotte à mon retour en France !
Mes remerciements
Je tiens à remercier toutes les soeurs d’Imady pour leur accueil exceptionnel et leur bienveillance à mon égard. Je remercie aussi Vincent avec qui j’ai partagé une partie de mon expérience à Vohémar et qui m’a été d’un grand soutien. Je remercie Bruno, pour sa générosité, son soutien et de m’avoir permis de réaliser cette expérience incroyable.
Maud
Email: maudlint@hotmail.fr