La mission d'Ophelia à Madagascar du 1er octobre 2018 au 1er avril 2019

Compte-Rendu N°1 - Octobre à Ambolotara


Arrivée à Madagascar le 7 octobre

Je suis arrivée à Antananarivo le 7 octobre. Sr Françoise m'attendait avec une pancarte à mon nom. Notre chauffeur Bien-Aimé, ami de la Soeur, nous a fait faire un tour dans la ville en voiture pour que je visite. Les maisons en dur sont mélangées avec les bidonvilles et les décharges. Les rues sont pleines de poussières et de déchets. Les gens se déplacent beaucoup à pied et les plus pauvres sont pieds nus avec des vêtements déchirés et sales. Nous passons la nuit à Tana où j'ai pu avoir ma première douche... froide!

Le lendemain, la soeur est allée acheter les pneus financés par AMM ; puis nous sommes partis sur Antsirabe. Nous avons eu les premières pluies de la saison, ce qui a freiné notre chemin ; la voiture de Bien-Aimé étant vieille, nous avons utilisé un chiffon pour désembuer. Sr Françoise et moi sommes restées pour la nuit.


En route pour la maternité-dispensaire Hanitriniaina

Le lendemain, après avoir fait réparer la voiture du dispensaire (frein, feu, courroie), un coût très élevé pour Sr Françoise (ce qui explique la demande d'aide financière à AMM pour les pneus), nous sommes partis avec Jean-Charles le chauffeur expérimenté de 50 ans, et 3 autres soeurs à Ambolotara. La route qui est une piste et les trous qui sont des cratères, nous ont permis de mettre 2h30 pour effectuer 28km. C'est une aventure cette route ! Je suis accueillie dans la maison de la communauté des soeurs de Notre Dame de Fatima. Ma chambre n'a pas l'électricité (j'ai des bougies en attendant ma lampe torche). Il n'y a pas d'eau courante aussi, la douche s'effectue avec de l'eau chaude dans un seau et au verre.

je découvre la maternité-dispensaire Hanitriniaina (parfum de la vie). Il y a une sage-femme, une aidesoignante, une femme de ménage, et Sr Françoise qui est infirmière.

Le bâtiment de l’extérieur ne paraît pas trop mal, mais à l'intérieur, il y a de la poussière, le matériel est vieux et usé, il n'y a pas d'eau courante. Je fais donc un appel aux dons de matériels (il y a des trésors inutilisés dans les sous-sols des hôpitaux) : il faudrait une nouvelle table de consultation et une nouvelle table d'accouchement, car les actuelles sont trouées. Il faudrait aussi 3 matelas (il en manque 2 et le troisième est troué), et des pieds à perfusion, car le bricolage avec du bois n'est pas hygiénique non plus.

L'un des plus gros problèmes c'est le manque de patients et de parturientes, qui ne permet pas de gagner assez d'argent pour faire fonctionner le dispensaire. De plus, la population d'ici étant très pauvre, elle ne peut pas payer la totalité de la consultation de 2000 Ar (moins d'un euro), et donne juste une participation. Ainsi, la soeur ne se sort plus de salaire depuis quelques temps. Sr Françoise a beaucoup d'idées pour améliorer le dispensaire plus ou moins réalisables. Nous avons déjà commencé par faire un dossier pour une association au Canada qui pourrait permettre la rénovation du dispensaire. Nous espérons grandement que ce soit accepté car il y en a grand besoin.

Ensuite il faut aussi trouver 5500 € pour faire les travaux permettant d'avoir l'eau courante au dispensaire et chez les soeurs en même temps (devis déjà réalisé). Je vais donc faire l'inventaire dans le dispensaire pour savoir ce que nous pouvons vendre.

Le week-end du 13-14 octobre, il y a eu la fête de l'apparition de la vierge Fatima à Ambolotara. Prêt de 3000 personnes sont venues. J'ai pu assister à des chants et des danses, ainsi qu'à une messe de 4h !!! Sr Françoise faisant l'animation, elle en a profité pour faire de la pub pour le dispensaire, et me présenter car tout le monde s'interrogeait de voir une "vazaha" (étranger).

Après avoir un peu fait le tour du dispensaire j'ai commencé à m'attaquer au rangement de la salle des pansements. L'étagère pleine de poussière, supportait plusieurs cartons avec des pansements de toutes sortes mélangés. Impossible de s'y retrouver. J'ai donc nettoyé l'étagère et le chariot, puis ranger les pansements par catégorie. J'ai fait des fiches sur chaque catégorie, parce qu'aucune des soignantes ne sait comment les utiliser correctement.

J'ai trié les médicaments : 95% sont périmés… il y a même des péremptions de 2000 ! Mais malheureusement je ne peux rien jeter sans l'accord de Sr Françoise. Et cette dernière est partie 15 jours sur Antsirabe pour une obligation religieuse. Je suis donc bloquée pendant 15 jours sans pouvoir mettre des actions en place car j'ai besoin de son accord.

En attendant j'ai aussi trouvé un trésor dans les combles enfoui sous la poussière. Une quantité de tambours de stérilisation de toutes tailles, regroupés, cela vaut près de 2000 € !!! J'espère les vendre!

J'assiste aussi la sage-femme en l'absence de Sr Françoise parce qu'elle doit accoucher vers le 5 novembre et elle est très fatiguée. Ici les femmes ne s'arrêtent pratiquement pas avant l'accouchement.


J'ai rencontré une famille en besoin

J'ai rencontré ici une famille en besoin. 4 orphelins de 8, 4, 2 ans et 9 mois ; ils ont perdu leurs parents à 3 mois d'intervalle. C'est donc la tante qui les a récupérés chez elle. Seulement cette tante a déjà 7 enfants, elle ne peut donc pas subvenir aux besoins de ses 4 neveux et nièces. L'orphelinat n'est pas souhaitable parce que la tante ne veut pas séparer les enfants, et ces derniers se sont déjà beaucoup attachés à leur tante et leur grand-mère. Une nouvelle séparation serait très pénible pour eux. Elle a donc demandé de l'aide. J'ai donc vu avec Bruno ce qu'on pouvait faire, et grâce aux dons que j'ai reçus, je vais financer un an de nourriture avec un an d'école pour le plus grand.

De la part de la famille, j'ai reçu un grand merci rempli d'émotions. Ce merci est donc aussi adressé aux généreux donateurs qui ont répondu à mon appel !


La journée des vaccins

Tous les derniers mardi du mois c'est la journée des vaccins. Durant la matinée, me voilà avec l'aide-soignante à préparer les vaccins un à un car ils se trouvent dans des fioles, pendant que la sage-femme récupère les carnets de santé des enfants pour déterminer quel vaccin faire en fonction de l'âge. Très vite je dois assimiler quel vaccin faire et me voilà à vacciner à la chaîne 54 enfants !

J'ai pu observer quelques enfants malnutris au passage ; mais l'aide-soignante ne paraissait pas interloquée comme moi et je devais donc continuer les vaccins car cela pressait. L'après-midi j'en ai reparlé à la sage-femme, occupée le matin aux consultations prénatales ; elle m'a informé qu'il existait un dispensaire public à 1h d'ici qui fournissait des repas gratuits aux bébés malnutris. On a donc convenus que ces journées de vaccination permettraient en même temps de dépister les cas de malnutrition, et ainsi pouvoir rediriger vers le centre approprié.

Amicalement,

Ophélia

Email: metais.ophelia@gmail.com.