La mission d'Ophelia à Madagascar du 1er octobre 2018 au 1er avril 2019

Compte-Rendu N°2 - Novembre à Ambolotara


Tri à la pharmacie

Sr Françoise est revenue de ses obligations religieuses le 2 novembre. Nous avons effectué ensemble des changements dans le dispensaire que je lui ai soumis, en commençant par la pharmacie. Je suis arrivé à la convaincre de jeter de nombreux médicaments périmés et de les remplacer par les médicaments que j'avais apportés ; il s‘agit de médicaments donnés par des pharmacies proches de mon domicile ; j’en profite pour les remercier.

Nous avons aussi classé les médicaments par catégorie (antidouleur, antibiotique, etc), car tout était mélangé, on ne pouvait pas s’y retrouver. Mais il manquait certains médicaments essentiels dont des médicaments pédiatriques. Nous avons donc racheté des médicaments, financés par les dons que j'ai reçus via AMM pour ma mission… un grand merci à tous ces donateurs ! La pharmacie est maintenant propre (car il y avait aussi beaucoup de poussière), rangée, et suffisante en médicaments pour soigner les patients correctement.

Revue des tarifs de soins

Nous avons revu ensemble la grille des tarifs de la maternité-dispensaire, et les objectifs à atteindre tous les mois pour pouvoir au moins payer les salaires. Nous avons abaissé les consultations à 1 000 Ariary (0,60 €) car les habitants sont très pauvres, et pour limiter le nombre de dettes de la part des patients, car chaque mois il y a plus de 25 000 Ar de dettes.

Novembre, temps de crise en brousse

Ce mois-ci a été un mois très difficile. C'est le temps de la crise en brousse, le temps du repiquage, le riz est donc difficile à trouver alors que c'est l'élément de base dans leur alimentation, et il y a peu d'argent. De plus, le mois de novembre c'est la rentrée scolaire, donc les parents doivent payer les inscriptions à l'école, et la santé ne vient qu'en dernier. Alors même s'il y a eu 15 consultations de plus que le mois précédent, il n'y avait pas assez d'argent pour payer les salaires. J'ai donc décidé, grâce aux dons que j'ai reçus, de payer les salaires du mois de novembre, en espérant que pour le mois de décembre, l'augmentation de fréquentation du dispensaire continue avec le bouche à oreille, et que les salaires puissent être payés.

Grace aux dons reçus, nous allons également aider 4 orphelins pendant un an

Pour rappel, avec les dons que j'ai reçus, 4 orphelins seront nourris, soignés et scolarisés pendant 1 an. Nous avons décidé avec Sr Françoise de remettre tous les mois à Mme Lucie, la tante des 4 orphelins, l’argent qui leur est destiné.

Et, en parallèle, la soeur a fait un courrier pour qu'une association sur Antsirabe puisse fournir du lait en poudre pour la dernière de 9 mois, qui en a encore besoin. J'ai revu cette petite qui est venue pour se faire vacciner.


Voici les 2 plus petits. A gauche la petite fille de 9 mois, et à droite le petit garçon de 2 ans qui était malade et ne lâchait pas sa grand-mère la fois où je l'ai vu.

Jocelyne, la sage-femme, a accouché

Au mois de novembre nous avons eu aussi l'accouchement de la sage-femme Jocelyne, qui a eu un garçon Jonathan, né le 12 novembre. Elle est maintenant en congé maternité jusqu'en janvier.

Les consultations

J'ai effectué des consultations avec Soeur Françoise et je suis arrivé à lui faire comprendre qu'on ne pouvait pas donner des antibiotiques à tout le monde pour la moindre petite chose, mais juste pour ceux qui ont de la fièvre à cause de l'antibiorésistance.
J'ai réalisé aussi seule des consultations avec l'aide de l'aide-soignante qui me faisait la traduction, ce qui m'a valu le nom de médecin « vazaha » par les habitants.
J'ai appris aussi à faire des consultations prénatales, mais je trouve qu'il est bien difficile de trouver la position du bébé juste en palpant le ventre.
Sr Françoise m'a aussi montré toutes ses pommades et sirops qu'elle fabrique avec des plantes, que les gens viennent régulièrement chercher.

Et nous avons eu la bonne surprise qu'un guérisseur traditionnel face de la publicité pour le dispensaire, car il dit qu'il a appris qu'un vazaha était là, alors ça voulait dire qu'il y avait aussi des médicaments qui fonctionnent.


Parrainages chirurgicaux AMM

L'histoire de 3 patients qui ont été parrainés par AMM

Nous avons pu revoir au cours du mois de novembre, trois anciens patients qui ont bénéficié d’un parrainage chirurgical d’AMM. Tous remercient encore beaucoup les donateurs d’AMM pour leur avoir apporté la chance de se faire soigner.


Manambisoa Chrysanthe Eliance 8 ans

Opérée de la jambe droite en 2015 à cause d'un problème osseux qui l'empêchait de marcher. Aujourd'hui elle va très bien. Ses jambes restent arquées mais elle ne présente aucune douleur et marche et court sans problème. Elle va à l'école et travaille bien.
Depuis l'opération, sa mère a été embauchée comme enseignante et son père travaille à la mairie ; leur condition de vie s'est donc améliorée.

Fanjanirina surnommé niry, 11 ans

Opéré en 2015 pour une tumeur avec plaie dans le dos. Aujourd'hui, il va bien, sa cicatrice est grande et irrégulière mais ne présente aucune douleur.
Il reprend l'école seulement cette année car ses parents n'avaient pas les moyens de payer jusqu'à présent.


Mme Emilienne

Accidentée de charrette en 2017 avec opération au niveau du dos et des jambes.
Aujourd'hui son dos ne présente plus de douleur mais ses jambes sont raides et elle a de grosses difficultés à marcher, se servant de béquilles, mais c'est douloureux pour elle. Elle a 2 orthèses de pied et devrait effectuer de la kiné mais cela coûte 200 000 Ariary pour 10 jours, donc elle peut faire ses séances seulement quand elle a réuni l'argent, soit pratiquement jamais.
Sa fille, Nambini Tsoa est parrainée par AMM pour ses études de médecine à Majunga.


Nouvelles personnes à parrainer

Marie-Merline, surnommée Aimée

Nous avions reçu en octobre une femme, Marie-Merline, surnommée Aimée, de 34 ans, mariée, 3 enfants, qui consultait pour des nodules au sein droit. Mais c'était bien plus grave que ça car tout le monde pouvait observer à l’oeil nu la tumeur. En novembre, nous avons fait en tout 3h de marche aller/retour pour la convaincre d'aller consulter un médecin sur Antsirabe. J'ai pu voir ses conditions de logement, très pauvre, une petite maison avec des toutes petites pièces où on ne peut pas se tenir debout, remplies de poussière. Elle était allongée sur son lit car elle avait extrêmement mal au dos ; son matelas était fait de sacs de riz remplis de paille. Le médecin d'Antsirabe manquait cruellement de tact, après avoir fait de grands gestes désespérés, il nous a dit que c'était trop grave, s'il opérait il y aurait un trou, et que nous devions l'emmener à Tana au service d'oncologie. Ce que nous avons fait à la fin du mois.
Mais c'est une famille très pauvre, et elle a dû vendre un boeuf pour payer les frais de transport jusqu'à Tana et pour payer sa nourriture. Cette dame va donc rentrer dans le programme de parrainage chirurgical. Nous sommes encore en attente de tous les résultats pour connaître le traitement.

Un garçon de 12 ans

Nous avons reçu aussi un garçon de 12 ans un samedi soir alors que la nuit était déjà tombée ; il était gravement blessé au niveau de son bras droit par une machine pour décortiquer le riz. Son bras était extrêmement abîmé et il perdait beaucoup de sang. Nous avons juste fait un traitement antihémorragique et un pansement compressif pour pouvoir le transférer à l'hôpital d'Antsirabe, car il devait être opéré d'urgence si on voulait que son bras soit sauvé et pas amputé.
Mais voilà nous sommes en brousse, le temps d'organiser le transfert, et de faire le trajet, le garçon qui était arrivé à 19h au dispensaire, est arrivé seulement à minuit à l'hôpital. Et ils ont dû attendre le chirurgien traumatologue qui l'a opéré seulement à 10h le dimanche ! Heureusement son bras a été sauvé.
Cependant, il doit être hospitalisé au moins 1 mois car les pansements doivent être refaits tous les jours et il y a de gros risques infectieux à cause de la grosse blessure. Ce garçon a été très courageux car malgré sa douleur importante et son visage crispé, il n'a jamais pleuré ou gémit.
Maintenant la famille doit 70 000 Ar au dispensaire pour le transfert et on ne connaît pas encore la somme pour l'hôpital mais elle va être énorme. Le père a déjà prévu de vendre des boeufs et des cochons, mais cela risque de ne pas être suffisant, donc un parrainage chirurgical va aussi être soumis à AMM.

Le point après deux mois à Ambolotara

Très enrichissant au point de vue médical et humain

Ces presque 2 mois passés à Ambolotara ont été très enrichissant sur le plan médical car j'ai beaucoup appris auprès de l'équipe soignante, ça a été un vrai partage de connaissance. Mais aussi sur le plan humain que ce soit avec l'équipe ou avec les soeurs qui m'ont bien accueillie, et avec qui j'ai pu beaucoup échanger sur différents sujets comme la culture malgache et leurs croyances. J'ai fini par leur faire des crêpes toutes les semaines, leur laissant la recette.


De gauche à droite, Emerencienne (aide-soignante), Sr Françoise (infirmière),
Georgine (femme de ménage), M. Rémy (mari de la sage femme)


Si d'autres personne souhaitent réaliser un bénévolat de 2/3 mois n'hésitez pas, il y a grand besoin ici à Ambolotara !

Je compte bien continuer à aider à distance Sr Françoise et son dispensaire, en espérant qu'ils finissent par s'en sortir.


A gauche Sr Noor,en bas Sr Florentine,en haut Sr Brigitte,à droite Soeur Thérèse.


J'ai eu le droit à un pot de départ au dispensaire et un autre chez les soeurs, avec des discours de remerciement très émouvants. Je pars avec beaucoup d'émotions, en espérant pouvoir repasser les voir avant mon retour en France, et en leur promettant (parce qu'elles me l'ont demandé au moins 10 fois chacune) que je ferai tout mon possible pour revenir les voir un jour à Madagascar avec mon amoureux.


A côté de moi Sr Françoise, Jocelyne (sage-femme), Georgine, Emerencienne.


A côté de moi,Sr Françoise et Sr Baptistine.

Je pars maintenant pour la deuxième partie de ma mission : Fianarantsoa, auprès de la famille Lambert.

Amicalement,

Ophélia

Email: metais.ophelia@gmail.com.