Mission au dispensaire Padre Pio à Antamponjina - Madagascar

Février 2018...
Notre deuxième mois signe à nouveau notre enthousiasme pour cette mission. Les choses avancent bien ce qui nous encourage forcément à poursuivre nos actions.<

Compte-rendu n°2


Rénovation des bâtiments

Les travaux de réfection du bâtiment du dispensaire et de notre maison sont maintenant terminés. Le portique du portail d’entrée est remis à neuf.


Partenariat avec la mutuelle Harena

Concernant la convention avec la Mutuelle de santé Harena, nous nous sommes mis d’accord ; il nous reste à la signer d’ici quelques semaines. Nous pouvons débuter les inscriptions ici au dispensaire et les soumettre une fois par quinzaine à un responsable de la mutuelle qui viendra encaisser et valider les adhésions. Ceci devrait diminuer le nombre de personnes qui se décourageraient à l’idée de devoir aller à l’autre bout de la ville pour se faire soigner.
Les services d'une imprimante neuve ...
Pour cela, nous nous sommes équipés d’une imprimante neuve ; la précédente, ayant fait des siennes, nous a valu un après-midi épique de tentative de réparation chez un particulier… souvenir mémorable. Cette imprimante permettra de réaliser des photocopies pour les dossiers et de proposer un service aux gens du quartier… un autre moyen d’attirer du monde au dispensaire et de rentabiliser les cartouches. Et ça marche déjà, 3 jours après avoir déposé une pancarte sur le portail, les gens viennent !
Nous ferons également les photos d’identité ici, après avoir réglé quelques détails techniques.
Les deux après-midis de porte à porte de Manuela et une jeune externe en médecine semblent également porter leur fruit puisque deux jours après, nous comptions le double ou triple de consultations ! Le projet est de continuer dans les quartiers qui n’ont pas été visités durant les prochaines semaines.


La Pharmacie

Un autre axe auquel nous nous sommes attaqués fut la pharmacie : des milliers de boîtes s’entassaient sous une couche de poussière, sur les rayons de la pharmacie. Dans quel but nous sommes-nous demandés ? Que la pharmacie « paraisse » remplie ! Nous voilà donc à vider, jeter, brûler des kilos et des kilos de médicaments datant de 2008, 2011… Un vrai gâchis vraiment difficile à réaliser.


Imaginez-vous un joli lieu construit en 2008 qui, à partir de 2012, a presque cessé de vivre, rien n’ayant été déplacé, jeté, amélioré ou encore modifié. De peur de mal faire ? Incompétence ? Je ne sais pas mais cela interroge en voyant ce réel gâchis de matériel.

Nous avons eu la confirmation qu’aucun principe actif ne pouvait durer aussi longtemps après une date de péremption, pour nous assurer que nous n’avions d’autre choix que de jeter.

Suite à cela, à la découverte également de grandes quantités de matériels en tout genre que nous avons rangés, nous nous trouvons riche de beaucoup de choses. Côté médicaments nous avons effectué une grosse commande cette semaine afin de donner à nouveau un peu d’air pour enclencher la démarche des bénéfices et pas seulement régler les dettes et arriérés de salaire. D’ailleurs cette commande passée n’a pas été faite sur une ancienne liste de médicaments que le médecin précédent (le Dr Olivier) prescrivait (comme c’était encore le cas pour celle de janvier) mais bien sur celle établie par le nouveau médecin, le Dr Perry !!! Du coup, les médicaments partent à toute allure et nous n’aurons plus de problème de péremption. Personne n’avait eu l’idée ???

Les sourires commencent à poindre un peu plus sur les visages de l’équipe. Ils voient que les patients arrivent, que l’argent rentre. Lorsque nous tournons la page du cahier des consultations journalières, nous nous regardons tous avec un air satisfait.

Le système plein-vide est mis en place afin de faciliter commandes et gestion de stock, la pharmacienne semblant se l’être déjà appropriée ; c’est chouette de voir cette bonne volonté, cette envie de chacun à participer au bon fonctionnement du dispensaire.


Ouverture du laboratoire d'analyses sanguines.

Autre grand évènement du mois : Jean-Philippe a ouvert le laboratoire et nous avons déjà eu quelques premiers bilans cette semaine.
Il a également passé son test d’aptitude au Centre Diocésain de Santé qu’il a réussi haut la main : 20/20 !

La mutuelle ne prendra finalement pas en charge les analyses comme annoncé mais cela permet tout de même d’augmenter l’offre de soins du centre Padre Pio.
Huit cents personnes sont inscrites à la mutuelle sur Fianar actuellement et nous imaginons pouvoir augmenter de plusieurs centaines de personnes le nombre d’adhérents : la mutuelle nouvellement créée elle aussi pourrait ensuite étendre son offre.
Nous sommes le premier dispensaire de Fianar à s’affilier :
un vrai coup de pub à faire !


La revalorisation des actes

Un autre axe que nous avons entrepris : la revalorisation des actes réalisés ici. La consultation du médecin est passée de 3000 à 4000Ar par exemple, la consultation prénatale de 1000 à 2000 Ar (0.25 € à 0.50 €), la création d’un acte de petite chirurgie suite à une suture complexe sur la main d’un enfant, mise en place d’un forfait accouchement plutôt que de faire payer chaque gant et compresse…

En parallèle, Jean-Philippe a commencé à revoir le tarif de chaque médicament en découvrant que certains n’étaient non seulement pas vendus avec 30% de marge comme dans les autres pharmacies mais en deçà du coût de revient ! Un gros travail en perspective et une actualisation à faire régulière afin de rester « rentables » dans les ventes.

Nous avons rencontré à nouveau Soeur Léoncine au dispensaire du quartier d’Andrainjato afin de faire un peu plus connaissance et leur proposer de leur vendre du matériel que nous avons en stock. Ils sont bien intéressés par un ou deux lits médicalisés, deux potences... Nous y retournerons prochainement avec le matériel, nous l’espérons. Une entrée d’argent non négligeable qui nous intéresserait bien.

Un rendez-vous avec le directeur du CHU est prévu, un autre avec la Major du service d’orthopédie afin de leur proposer du matériel à vendre également.


Parrainages chirurgicaux

De nouveaux dossiers de parrainages chirurgicaux sont en cours ; nos deux plus urgents : un garçon de 8 ans, avec une fente labio-palatine et un enfant de 12 mois avec une hydrocéphalie majeure, 9e d’une famille dont le père est parti pour chercher du travail il y a 7 mois et n’est jamais revenu ; tous les autres enfants sont déscolarisés depuis le départ du père.

Seul revenu de la famille : 30 000 Ar que gagne la fille aînée. C’est le montant qu’ils envisagent pour leur participation à l’opération. Vous imaginez ce que ça représente pour eux qui ne mangent déjà pas tous les jours ! C’est incroyable !

La fin de semaine dernière a été très mouvementée avec la venue au dispensaire de deux urgences coup sur coup pour crises de palu grave :

  • une jeune fille était à 3,4 g d’hémoglobine et avait besoin d’une transfusion. Elle et sa famille n’avaient pas du tout d’argent et nous avons pu faire l’avance des frais de son hospitalisation, plus que nécessaire.
  • un petit garçon de 8 ans, le neveu de Samuel, notre gardien, en crise grave de palu, ictère et pâleur cutanée accompagnant un état neurologique de mauvais pronostic se présenta ici. Alors qu’il était dans un état proche du coma, la grand-mère l’accompagnant nous dit : « nous n’acceptons pas le transfert à l’hôpital car nous n’avons pas l’argent ».
    Mon sang ne fit qu’un tour et je dis au médecin : « nous partons avec notre voiture à l’hôpital et nous prendrons en charge ce que la famille ne pourra supporter, sinon il mourra. »
    En cours de route nous essayons de faire chuter sa température avec glaçons et paracétamol, la température avoisinant les 40°C. S’ensuivit un périple que je raconterai probablement sur notre blog, qui aboutit à une transfusion et au traitement intra-veineux de médicaments antipaludéens.
    Le lendemain, il avait 42°C, des frissons, qui valut l’arrêt de la transfusion, une pneumopathie suspectée et surajoutée… J’avais déjà mal dormi la nuit précédente mais j’en fus encore plus inquiète. Difficile aussi de ne pas s’identifier avec un enfant du même âge.
    Et quelle organisation : si tu n’as pas d’argent, aucun soin n’est fait, pas même la mise en place d’une voie veineuse. Je découvre avec effroi la réalité médicale des pays en voie de développement.

    Je vous passe les détails et les questions éthiques que nous nous posons avec Jean-Philippe : pourquoi aider cet enfant et pas un autre patient ? Est-ce le début d’un nombre incessant de demandes ? Il n’empêche que pour 40 € environ, mon petit patient m’a souri ce matin…qu’il est sorti de l’hôpital à l’heure où je termine ce rapport… Cela n’a pas de prix.
    Et tout cela, grâce à chacun de vos dons ! Un immense merci.


  • La gestion financière du dispensaire

    Autre axe qui concerne la gestion financière du dispensaire. Jean-Philippe a élaboré un fichier Excel très performant avec de nombreux onglets pour suivre l’activité du dispensaire et mettre de côté l’argent disponible pour racheter des médicaments, des réactifs de laboratoire, les salaires ainsi que suivre ceux qui trainent des factures impayées. Il a déjà passé de nombreuses heures dessus.

    Notre médecin qui ne travaillait que les matins et du lundi au vendredi, travaille désormais l’après-midi également et le samedi matin. Nous lui avons proposé ainsi d’être payé à l’acte l’après-midi et le samedi matin, pour sa présence plus importante.

    A bientôt pour d’autres nouvelles.

    Jean-Philippe et Manuela.