Mission au dispensaire Padre Pio à Antamponjina - Madagascar
Avril 2018...
Compte-rendu n°4
Une semaine de vacances
Après une semaine de vacances sur la côte Est, entre Mananjary et Manakara, nous avons découvert les pêcheurs et leurs poissons frais, un rythme de vie qui semble moins aride que dans les terres betsileo, et toujours autant de couleurs.
Les pécheurs rentrent vers 10h pour les premiers (ils sont partis à 4h du matin)
Grâce à une jeune association de chrétiens regroupés pour un développement commun de leur pays, nous avons pu découvrir des plantations de vanille, girofle, poivre, café, baies roses, muscade…
Balade en pirogue le long du canal des Pangalanes, poissons, crevettes, crabes et langoustes grillés sur la plage, jeux dans le sable au bord de l’océan indien…Dégustation de canne à sucre, d’eau de coco,…
Tempête et course des enfants sous la pluie : tout y est pour une vraie coupure de notre quotidien ! On se régale !
Côté travail encore des nouveautés
Nous avons géré le dispensaire à nous tout seul durant la première quinzaine d’avril. Le directeur était en effet auprès de sa mère malade, Soeur Ernestine habituellement à l’accueil était en retraite spirituelle, une de nos pharmaciennes a été malade…Nous avons donc accueilli seuls, enfin avec les deux nouvelles sages-femmes embauchées 15 jours auparavant, le nouveau médecin et le nouveau dentiste ! Une quinzaine qui s’est avérée bien intense, mobilisés 24h/24h (accouchements de nuit inclus) mais on a bien géré ! On était fiers de nous ! Une journée organisée avec des ophtalmos et des oculistes pour des bilans réalisés au dispensaire par leurs soins nous a amené plus de 70 patients dans la journée !
Deux jours après, c’était une matinée consacrée à nos 11 premières inscriptions, en présence de l’agent de la mutuelle de soins HARENA pour leurs adhésions ; mutuelle à laquelle nous affilions désormais le dispensaire.
Nos cinq stagiaires venus le mois dernier en stage d’observation, élèves du programme d’éducation du CERES nous ont invités à leur soutenance de stage. Cela promet un bon début de partenariat avec eux. Le mois prochain ils viendront à 120, répartis sur 3 après-midis pour une visite individuelle annuelle, médicale et dentaire : 120 élèves, une belle activité qui s’annonce pour nous, dès le 2 mai.
D’ailleurs c’est un partenariat qui avait été ouvert lors de la visite de Bruno Buttin, notre président d’AMM, que nous avons poursuivi à notre arrivée et concrétisé. En effet AMM prendra en charge à 50% les visites médicales et dentaires de ces enfants.
Notre nouveau médecin
Notre nouveau médecin a découvert l’état administratif du dispensaire qui n’était pas aux normes lors de son arrivée. Ayant été lui-même directeur d’un dispensaire auparavant et en tant que médecin se sentant responsable en cas d’inspection, tout le personnel a été mis à contribution pour remettre à jour différentes choses : le rapport mensuel d’activités, les fiches de stocks des intrants de paludisme, aménagement de différentes salles, plus de rigueur dans l’hygiène…Un petit coup de pied aux fesses à l’équipe qui nous a fait gagner du temps sur le reste des projets
Notre femme de ménage
D’ailleurs le dispensaire retrouve plus d’hygiène notamment grâce à Judith, notre femme de ménage « efficiente » qui revient de son congé maternité.
Inscription au réseau de soins national
Afin de nous remettre bien à jour et nous inscrire dans le réseau de soins national, connaître les objectifs attendus par le Ministère de la santé, les recommandations en vigueur, je suis allée prendre contact avec les différents domaines d’activité du Service du District de la Santé Publique (SDSP) : secteur paludisme, vaccination, gestion des déchets, médicaments pour le suivi des grossesses et accouchements et plan national pour la lutte contre la malnutrition. L’idée étant que nous soyons un centre de santé « de référence » dans tous les domaines d’activité demandés par le gouvernement. Je crois que nous pouvons dire en cette fin de mois que notre centre est aux normes administratives, ou en tout cas en bonne voie ! Le temps été trop court pour organiser et proposer notre participation à la prochaine campagne nationale de lutte contre la poliomyélite cette semaine mais nous allons tout mettre en oeuvre pour participer à la prochaine semaine de la Santé de la Mère et de l’Enfant (SME) en mai. OOn vous en dira plus le mois prochain.
Un incinérateur de déchets de soins
L'un de nos deux « gros » projets débutés à la suite de cette remise aux normes sanitaires est la construction d’un incinérateur de déchets de soins. AMM a donné son accord pour le financer et voilà reparti Jean-Philippe, à l’achat des matériaux avec notre entrepreneur local, Julien.
Nous découvrons par surprise, ayant demandé à notre gardien d’aplanir le terrainafin de couler la dalle en béton qui supportera l’incinérateur, une fosse d’enfouissement des déchets, anciennement recouverte par un monticule de terre. Nous allons pouvoir nous en servir afin de jeter les cendres dedans, super ! Pour cela, nous avons commencé par lui rajouter un mètre de profondeur en plus. Sur la photo, la flèche montre où s’arrêtait la profondeur initiale
Avant le début des travaux, nous avons passé deux après-midis à 4, pour trier la terre, tels des chercheurs d’or, pour ramasser tant et plus de vieilles ampoules de médicaments cassées, des seringues et aiguilles…Un bonheur ! L’incinérateur est prévu pour brûler tous les déchets de soins, y compris les « boîtes jette-aiguille » de par le fait qu’il monte à plus de 1000 degrés. En cas de rupture de ces boîtes, nous utilisons des bouteilles en plastique de 1,5L, une autre de ces ingéniosités malgaches.
Les comptes du dispensaire
Jean-Philippe s’est également occupé des comptes durant ce mois passé. Il a élaboré plusieurs fichiers numériques pour la gestion de stock des intrants de paludisme et a élaboré une fiche patient pour les futures consultations des enfants du CERES, un dossier médical de suivi de grossesse et d’accouchement qui n’existait plus…Un gros travail chronophage, en informatique.
NB : Le programme du CERES consiste à repérer des enfants de brousse, donc de familles très pauvres, travaillant très bien à l’école, et leur permettre de suivre des études afin d’entrer en études supérieures et de sortir de leur milieu de précarité. Ce programme est assuré par des formations de qualité des enseignants de « pépinières de brousse ». C’est un programme français de l’IECD.
Pour ce mois d’avril, le dispensaire peut à lui seul payer les salaires de ces employés, grande première depuis juin 2017 en incluant l’achat des médicaments ! Nous sommes vraiment heureux car nos efforts semblent commencer à porter leurs fruits. Nous nous sommes renseignés sur les tarifs pour passer un slogan à la radio pour faire la publicité du dispensaire. Prochaine étape pour le mois de mai.
Lutte contre la malnutrition : un Hotelin’zaza-kelly (restaurant des bébés) dans le dispensaire
Le deuxième projet est un projet que j’aimerais mener avec le Dr Claudine, notre future bénévole qui arrive mi-mai pour un mois. La plupart des centres de santé participent à la lutte contre la malnutrition par un plan de dépistage (mesure du périmètre brachial et selon, référer au centre de santé référent le plus proche). Autant dire que la prise en charge est très limitée. L’idée que nous allons creuser avec Claudine est de faire le point sur les propositions de prises en charge sur Fianar. En cas de propositions existantes, nous aimerions nous intégrer dans le réseau et en cas d’absence de soins, se rapprocher du projet Nutrimad, un projet remarquable de l’ONG GRET, présente à Madagascar depuis 1988. Ils produisent et commercialisent à des coûts beaucoup plus intéressants que les compléments de lait artificiel (inaccessibles pour la plupart des foyers ici), une plante appelée KobaAina ; reconnue par le ministère de la santé, l’OMS, etc pour ses qualités nutritionnelles pour une population d’enfants de moins de 2 ans.
Cf cette petite vidéo de deux minutes qui résume bien : https://youtu.be/peLBjncQQoY
Si le projet fonctionnait, nous pourrions être formés par eux et ouvrir un Hotelin’zaza-kelly (restaurant des bébés) dans le dispensaire. Ainsi nous pourrons accueillir et dispenser des formations sur la malnutrition qui touche 50 % des enfants à Madagascar ; c’est le problème majeur de santé publique engendrant des problèmes de santé surajoutés au retard de croissance et donc des coûts trop élevés pour les familles qui veulent soigner leurs enfants. J’ai hâte d’en connaître plus sur le sujet et de monter ce projet !
A bientôt pour d’autres nouvelles.
Jean-Philippe et Manuela.