Mission au dispensaire Padre Pio à Antamponjina - Madagascar

Juin 2018...

Compte-rendu n°6


Six mois déjà, premier bilan

Cela va faire 6 mois que nous sommes à Madagascar; c’est le temps d’un premier bilan. L’objectif principal de relancer l’activité du centre est en route. Nous espérons que ce ne soit pas un feu de paille et en même temps, nous avons fait un gros travail de fond pour changer l’image et cela fonctionne, les patients que l’on interroge disent venir car ils ont entendu que les soins étaient de qualité !

Là où il y avait deux à trois consultations par jour quand nous sommes arrivés en janvier, nous comptons ce mois-ci environ une vingtaine par jour. C’est le troisième mois que le dispensaire paye en plus des salaires, les médicaments, ce qui montre que le centre peut parvenir à son autonomie financière même si les dons de matériels et de médicaments sont toujours les bienvenus. C’est d’autant plus encourageant, que les autres centres de santé nous disent perdre en fréquentation sur les mois de juin, juillet et août (l’hiver ici) où les patients ont principalement la grippe et se soignent par eux-mêmes sans consulter. Nous avons eu une fréquentation record ce mois-ci.


Les débuts de l'échographe

Le mois de juin apporte son lot d’affluence de patients et le moral de l’équipe remonte ! Avec l‘arrivée de l’échographe, Jean-Philippe a eu une superbe idée : pour faire connaissance avec l’appareil, on va proposer des échographies prénatales gratuites durant tout le mois de juin. Un bon coup de publicité pour le dispensaire ! Cela a bien réussi car 8 accouchements ce mois-ci et un grand nombre de consultations prénatales. J’en profitais également pour proposer quelques visites de la maternité. En découvrant le coût bien moindre qu’ailleurs de l’accouchement, les lieux propres et équipés, le beau matériel d’échographie, les retours étaient très positifs. On espère que cela va continuer.

Padre Pio fête ses dix ans

Mois de juin, comme en France, mois de fête pour nous au dispensaire et pour tous les malgaches : fête des 10 ans du centre de santé. Organisation de dernière minute, à la mode ici. Essai de lâcher prise pour moi mais difficile je l’avoue. Aucune affiche faite 3 jours avant. Invitations données 3-4 jours avant. L’ambiance était au rendez-vous dans l’équipe. Une semaine avant, nous décidions du menu pour les invités « VIP », (j’avais préparé la liste des invités et demandé de faire les invitations 1 mois et demi voir deux mois à l’avance mais cela n’a pas fonctionné). Une bonne façon d’observer l’organisation d’une fête ici !


Au final, même à la dernière minute, ça fonctionne à peu près. Peu de monde venu mais les « bonnes personnes » : les présidents des Fokontany (quartiers alentours), le médecin chef de notre Centre de Santé de Base de rattachement, deux soeurs qui font un travail formidable dans deux centres différents que je voulais mettre en relation, les directeurs de collèges voisins, le prêtre de la paroisse, la présence de Claudine, quelques jours avant son départ...

Visite des locaux du dispensaire, « cabares » (longs discours de remerciements, très officiels) en tous genres, quelques danses, vente de gâteaux, de gaufres pour le dispensaire, de koba aina, afin de mettre en exergue notre « Hotelyn Zaza » (cf AMM news précédente), publicité de la Mutuelle…

Et une très bonne ambiance dans l’équipe pour les préparatifs : Jean-Philippe a tué ses premières poules, moi je les ai plumées, fabrication de jus naturel qui nous a demandé pas mal d’heures de travail ensemble très sympathiques…

On ne peut facilement mesurer l’impact de cette fête mais rien que pour l’ambiance entre nous, cela valait le coup.

La veille, nous avions réalisé une première : une matinée « circoncisions gratuites» pour des familles recensées comme les plus pauvres des quartiers environnants. Une grande première pour Jean-Philippe comme pour Claudine et moi ! Les gens ont été enchantés et l’équipe aussi, un deuxième médecin étant arrivé à la rescousse ; nos 15 opérations prévues se sont déroulées sans difficultés, au point que le Dr Perry venu aider dise : « on peut refaire cela chaque samedi durant l’hiver si vous voulez ! »


Operation circoncision gratuite

La veille, nous avions réalisé une première : une matinée « circoncisions gratuites» pour des familles recensées comme les plus pauvres des quartiers environnants. Une grande première pour Jean-Philippe comme pour Claudine et moi ! Les gens ont été enchantés et l’équipe aussi, un deuxième médecin étant arrivé à la rescousse ; nos 15 opérations prévues se sont déroulées sans difficultés, au point que le Dr Perry venu aider dise : « on peut refaire cela chaque samedi durant l’hiver si vous voulez ! »

Le seul bémol fut que cet évènement ne rapporta pas d’argent, au contraire (souvent les familles reconnaissantes offrent un présent au dispensaire… mais pas cette fois-ci).


Project de lutte contre la malnutrition

Voici un premier bilan à un mois, du projet de lutte contre la malnutrition que nous avons débuté avec la venue de Claudine.

Un protocole de prise en charge a été terminé et donné à l’équipe avant le départ de Claudine. Il y a actuellement 22 enfants entrés dans le Programme Nutritionnel Supplémentaire souffrant de malnutrition. Nombre qui a beaucoup augmenté la semaine dernière, suite à une matinée de porte-à-porte où chaque enfant rencontré a été pesé et mesuré et invité à venir au dispensaire. L’après-midi même, c’est plus d’une dizaine d’enfants qui arrivaient d’un autre quartier…grâce au bouche à oreille !

Notre premier obstacle : la venue quotidienne des enfants au dispensaire. Si les mamans les accompagnent, elles ne travaillent pas, donc ne gagnent pas d’argent pour pouvoir acheter le riz pour midi. Nous réfléchissons à la manière de procéder pour aller leur porter la Koba aina dans leurs quartiers.

Autre obstacle : les « perdus de vue », qui sont venus puis se sont absentés pour une raison que l’on ignore. Nous avons également modifié nos tarifs pour ces enfants du PNS. Nous demandions 200 Ar (0.26€) pour la journée mais c’est une somme encore trop importante pour ces familles qui n’ont pas 200 Ar à donner pour les rations d’un seul enfant. Nous avons donc instauré la gratuité pour tous les enfants de ce programme afin de toucher un maximum d’enfants.

La prochaine étape est le suivi à domicile de ces familles, les interventions d’éducation sanitaire auprès d’elles. Nous recrutons actuellement, en plus de Natacha, l’animatrice dispensatrice de Koba, un agent communautaire qui assurerait distributions à domicile et éducation des familles.


Programme nutritionnel supplémentaire

Ce programme, que nous avons mis en place avec Claudine lors de sa mission, a pu être financé en grande partie grâce aux généreux dons des proches et amis de Claudine, de la région de Tours. A la fin de sa mission, Claudine nous a confié la totalité de ces fonds pour développer au mieux ce programme.>

Au début il n’y avait que 5 enfants inscrits au PNS. Nous avons étudié les raisons de ce peu de motivation pour ce programme et nous l’avons modifié en faisant du porte à porte. Pour certains enfants, nous apportons la Kaba Aina directement au domicile ; en effet, souvent les parents ne peuvent se déplacer du fait de la perte d'argent qu'occasionne leur absence au travail.

Et, en concertation avec Claudine depuis la France, nous avons pris la décision d’utiliser les fonds pour donner gratuitement ces repas enrichis aux enfants dénutris. De fait, hier ils étaient 32 !

Leur sourire, leur joie de vivre témoignent de leur reconnaissance. Ils mangent désormais deux fois par jour un repas complet. C'est une grande joie d’observer cela. De plus, à chaque enfant on propose systématiquement une consultation médicale, un examen des selles et le cas échéant des médicaments… ce qui est souvent le cas ; en effet, la malnutrition s'accompagne souvent de pathologies intercurrentes. C'est donc une prise en charge globale qu’il est possible de faire grâce à vos dons.

Une nouvelle sage-femme

Suite à notre choix d’ouvrir le dispensaire 24h/24h, 7j/7j, la difficulté se posait du nombre de sages-femmes engagées afin d’assurer un roulement « légal ». Faratiana est partie précipitamment en congé maternité et il nous a fallu en une semaine faire passer quelques entretiens d’embauche afin d’en recruter une 3e. C’est Faneva, sage-femme depuis deux ans et cousine de Faratiana qui a intégré l’équipe ce mois-ci.

Le dr Lea, dentiste, est revenue

Côté dentisterie, pour notre mois de publicité, le Dr Léa (qui est revenue ! ) a proposé de faire une journée de consultations dentaires gratuites. Cela a bien marché et les soins dentaires augmentent aussi. En parallèle, les deux dentistes ont décidé de tester une nouvelle organisation : ils proposent des soins du lundi au samedi en alternance l’un et l’autre. Nous aimons les voir prendre des initiatives, c’est motivant.


Intendance

Ce mois-ci encore, tous les salaires ont été payés et nous avons même pu intégrer les salaires à temps plein des deux nouvelles sages-femmes, tout en payant les médicaments importants ce mois-ci car ils représentent 1 000 000 Ar (habituellement, c’est de l’ordre de 500 000 Ar).

Nous sommes en train d’aménager le coin où a lieu la préparation et la distribution de Koba Aina dans le jardin, par la construction d’un « fatapere » à côté du kiosque déjà présent.

Face à l’affluence des patients, nous avons désormais des hospitalisations de patients autre que nos jeunes accouchées. L’intimité manquant, nous sommes en train d’installer des rideaux pour séparer physiquement les lits pour plus de confort et de respect de la pudeur des patients.


Notre centre de vaccinations

Vendredi dernier, deux médecins de l’OMS et l’UNICEF, sont venus contrôler notre centre de vaccination et cette fois-ci grâce à la rigueur retrouvée, nous étions en « règle ». Par conséquent, ils nous poussent à faire encore plus et nous sommes ravis. Nous avons un mois pour mettre en place leurs nouvelles directives.


A bientôt pour d’autres nouvelles.

Jean-Philippe et Manuela.