Le journal d'Ophélie - Semaine6

J 37 : Lundi 1er octobre
Je suis allée au marché ce matin. Avec Sr Nathalie et Sr Emilienne, nous sommes parties vers 7h. Nous avons commencé par déposer du matériel à l’école. Elle ouvre mardi prochain déjà. Puis Sr Nathalie a changé sa place avec le chauffeur, M. Ramsay. Elle a le permis mais ne conduit jamais. En tout cas, elle n’a pas peur. Le chauffeur devait lui dire de freiner, « moura moura », ou de rétrograder avant chaque bosse ou trou du chemin. Elle a calé quelques fois sur la route. Nous avons « volé » quelques fois aussi. Mais nous avons bien rigolé…
Au marché, un petit garçon m’a suivi quelques minutes, avec sa petite soeur sur le dos. Il était surpris de voir une « vahaza » surement.
Nous sommes rentrés, il était 10h. J’ai aidé Sr Hermine à finir le repas. Puis j’ai réinstallé le dispensaire. Malheureusement le médecin a eu des soucis de transport et elle n’est arrivée que le soir vers 18h. Et encore le gardien a dû aller la chercher en mobylette sinon elle avait encore plus de 2h de marche. Du coup nous n’avons vu que le petit garçon pour ses pansements cet après-midi. Ce n’est pas encore guéri, mais c’est mieux. Il reviendra mercredi. Ensuite, on a pu travailler pendant bien 2h sur les hormones, et plus particulièrement l’insuline et le diabète.
Sr Marie Cécile et Sr Alphonsine sont arrivées par le taxi brousse en fin de matinée. Nous repartirons ensemble mercredi matin pour Tananarive.
Les ouvriers ont commencé ce matin. Ils ont bien avancé. Ils ont presque fini les tranchées autour du dispensaire. Pas de vraie fondation… juste de la terre bien humide. Pour le souci d’évacuation des eaux, avec le risque que des produits antiseptiques ou médicamenteux infiltrent les sous-sol, Vincent a prévu d’installer une cuve en béton pour filtrer. Il me dit qu’il a fait la même chose à la clinique St François, mais avec du sable. En effet même dans la capitale il n’y a pas d’évacuation des eaux usées, ni de station d’épuration dans le pays…
Le problème du jour était de trouver des gravillons. Normalement le sable sera livré demain. Mais pour les gravillons, les soeurs ont trouvé une personne qui en fournit dans le coin, mais ensuite il faut trouver des personnes qui puissent casser les pierres en gravier. Il faut donc commander et attendre quelques jours, selon la disponibilité et la rapidité des ouvriers.
J 38 : Mardi 2 octobre
La dame qui était venue mercredi pour son écharde au tibia est revenue ce matin. Sa plaie a bien dégonflée, elle est propre, non inflammatoire. Nous avons enlevé les stéristrips pour bien voir en dessous, bien nettoyé et refermé.
Un homme est venu pour renouveler son traitement de phénobarbital, mais le médecin suspecte peut-être la cysticercose, car son épilepsie est d’apparition tardive. Elle lui donne une prescription pour aller faire l’analyse à Tananarive.
Un patient âgé de plus de 80 ans est venu pour infection bronchique, frissons. A l’auscultation il présente bien des crépitements aux poumons, une température à 39,5. Le médecin préfère faire le test de malaria qui s’est révélé négatif.
La dame insuffisante cardiaque est revenue bien en forme. Elle ne présente plus d’oedèmes. Encore un souffle cardiaque persistant. Le médecin continue le Lasilix et l’aspirine à faible dose.
Vincent et Jean Christophe sont allés voir pour le gravier. Problème : le temps de casser les pierres, ils ne l’auraient qu’à la fin du mois. Du coup ils vont devoir le prendre à Tananarive.
Pour le sable ça n’a pas été si simple non plus. Les ouvriers ont dû aller à la rivière pour charger le sable. Puis le camion en route est tombé en panne. Il n’est arrivé qu’après 14h. Et une fois au portail, il n’a pas pu monter. Du coup, obligé de trouver une charrette pour remonter tout ça, et des boeufs pour demain.
Cet après-midi avec Sr Hermine nous avons bien avancé. Nous avons vu le système digestif, les traitements antalgiques, neurologiques, et anti-infectieux (antibiotiques, antiparasitaires…).
Ce soir, Vincent s’est mis aux fourneaux pour faire des pizzas !
J 39 : Mercredi 3 octobre : départ pour Tana
Départ ce matin vers 8h, après avoir déchargé les cartons venant de Manjakandriana pour l’école.
Nous sommes arrivés vers 11h à Tananarive à Sanifer (magasin de bricolage que connait Vincent). Sur la route, nous sommes passés devant des tas de graviers. Nous nous sommes alors arrêtés. L’affaire était conclue. Pour moins cher, ils ont trouvé du gravier déjà prêt (pas besoin d’attendre 1 mois que les ouvriers le cassent), ainsi que le camion pour acheminer à Antanimasaka.
Michel, le conducteur de travaux, nous a rejoints à Sanifer pour faire les devis. Prochain RDV samedi. Demain il accompagnera le camion pour le gravier.
A midi, ou plutôt 13h, nous avons mangé au noviciat, sur les hauteurs de Tana. Puis nous sommes allés à la clinique St François d’Assise. C’est bien plus grand que ce que je pensais. Un mini village. Il y a la clinique sur plusieurs bâtiments (médecine, chirurgie, maternité, pédiatrie, urgences/réa : plus de 100 lits au total pour presque 200 personnes qui y travaillent), une église, une école pour les infirmières, une école maternelle, primaire, un collège et un lycée.
Nous avons fait la rencontre de Sr Jeannette, la directrice, et de Séta, qui s’occupe de tout ce qui est administratif. Vincent nous a fait visiter la clinique, sur son passage chaque personnel le saluait. Il y a 2 ans c’est lui qui s’est occupé du chantier de rénovation de la maternité.
Nous sommes très bien reçus. Nous avons notre chambre à l’étage de la pédiatrie, chacune dotée d’une douche et de toilettes. La moustiquaire au-dessus du lit sera bien utile, car ici il y a quelques moustiques. Nous avons pris le repas dans l’office, avec Seta. Les cuisines nous avaient tout préparé, et Sr Jeannette nous a même amené quelques bouteilles de Coca.
Cet après-midi, toute la clinique était en plein préparatifs pour demain, et Sr Jeannette a préparé son discours jusqu’à minuit.
Ce soir, nous avons pu profiter d’Internet. J’ai pu envoyer tous les comptes-rendus en retard.
J 40 : Jeudi 4 octobre : centenaire de la clinique St François d’Assises
Réveillés tous le 3 avant 6h, nous avons petit déjeuné vers 6h30. Sr jeannette nous a amené le pain frais. Du vrai. Pas du pain décongelé, comme on a l’habitude depuis un moment. Pour la douche de l’eau chaude, mais petit problème de pression. Vincent me dit qu’entre 6 et 8h, tout le monde tire de l’eau : il vaut mieux prendre sa douche en dehors de ces horaires.
Jean-Christophe et moi sommes allés faire un tour au marché de 7 à 9h. En fait nous sommes juste au-dessus de Analakely : le quartier de marchés. Nous avons fait un petit détour pour y arriver, mais je me suis vite repéré. Je lui ai montré ce que je connaissais. Il a trouvé tout ce qu’il cherchait. Moi j’ai vu quelques épices, et souvenirs mais toujours pas le marché aux fleurs. Demain peut-être.
A 9h30 a commencé la messe, avec Mgr l’archevêque de Tananarive. Elle a presque duré 3h. Nous étions placés derrière les médecins. Vincent et Jean-Christophe ont découvert la messe malgache, avec ses chants et ses danses…
Le repas a eu lieu sous le préau. Ils ont tout aménagé avec paravents, chapiteaux, rideaux. Nous n’étions pas loin de 200 personnes. Deux entrées froides ; en plat, riz, tomates et viandes ; puis glace et gâteaux en dessert. Ils avaient prévu deux grands gâteaux à la crème. Au moment de les apporter, ils ont dansé avec pendant 5 minutes. Pendant tout le repas des animations étaient prévues. Il y avait un orchestre, et une chorale. Le personnel, et les élèves avaient prévu quelques danses malgaches. C’était très animé.
La fête s’est terminée vers 17h. Nous somme allés au Shoprite (supermarché). Il est dans l’enceinte d’une résidence, gardée jour et nuit. C’est très propre à l’intérieur. Il donne sur un lac. Le contraste est flagrant dès que nous passons les murs. Il y a de grandes villas, chacune gardée. Apparemment les pilotes et les hôtesses de l’air s’arrêtent souvent ici, pour les escales. En route nous sommes passés devant tous les taxis brousse allant à Tamatave.
J 41 : Vendredi 5 octobre
Ce matin à 6h, Vincent et Jean-Christophe sont partis avec Sr Marie Cécile pour Soavimbazaha.
Ici à 9h a eu lieu la passation de pouvoir de Sr jeannette à Sr Ephémie. En effet, Sr Jeannette prend sa retraite et part à Antsirabe. A partir de ce matin donc, c’est Sr Ephémie la Directrice de la clinique.
Après, Seta m’a présenté à Sr Ivona, au bâtiment de médecine. Elle est polonaise. Elle est à Madagascar depuis 5 mois. Nous avons fait des ECG de 10h à 12h, dans le service de médecine. Nous sommes parties en faire un en réanimation. C’est surtout un service de SSPI. Ils reçoivent là toutes les personnes en post-op (traumatologie, neurochirurgie, viscérale, …). Il y a 7 patients ; 2 sont intubés, inconscients et sont porteur d’une sonde naso-gastrique. Au niveau du matériel, ils ont 7 scopes, mais dont 2 seulement captent la saturation, des pousses-seringues, des arrivées d’oxygène, des aspirations… bref comme en France.
Nous avons fait l’ECG à un patient qui présente un problème cardiaque, sur dyspnée et oedème des membres inférieurs.
J’ai pu observer 2 post-op. L’un ne s’est pas très bien passé : la patiente, opérée de la vésicule biliaire, avait sa SNG qui s’était déplacée, du coup elle risquait d’inhaler ses sécrétions gastriques. Elle était agitée, ils lui ont placé des contentions aux poignets. Ils ont dû lui remettre la SNG, de l’oxygène et lui ré administrer des anesthésiques.
Cet après-midi j’ai retrouvé Sr Ivona au service de réa. Il n’y avait plus que 5 patients, 2 post-op étant remontés.
En fait, il y a 2 infirmiers anesth, 2 infirmiers, et un aide-soignant. Un médecin anesthésiste est passé dans l’après-midi. Un infirmier et l’aide-soignant reste 24h, soit jusqu’à demain matin 8h.
Pour préparer les soins ils gardent une seringue, par patient, par jour. Ils réutilisent les masques à oxygène, et les lunettes, en les lavant à l’eau et au savon entre 2 patients. Pour les sondages urinaire, ils ne font pas de toilette intime, pas d’antisepsie, pas de gants stériles, juste la sonde avec du gel de xylocaïne, et pour gonfler le ballonnet : de l’eau du robinet. La Sr pense que c’est plus une question d’habitudes, de pratique, que de coût financier. Pour les aspirations, il n’y a pas de flacons d’eau stérile, mais une bouteille remplie à l’eau du robinet.
Une des infirmières ne travaille ici que depuis 1 mois. Elle a été diplômée il y a un an à l’école de Diego Suarez. Elle ma raconte qu’en pratique, les infirmiers font beaucoup plus de choses qu’en France. Par exemple, elle pratique les sutures, les circoncisions, les accouchements, la pose de VVC…

Vincent et Jean-Christophe sont revenus de leur journée à Soavimbazaha très déçus. Rien n’est prêt sur place. Il n’y a pas d’eau. Ils ont dû se renseigner pour faire construire un puits, car ils ne peuvent pas se raccorder à l’eau du village. Pas de briques non plus, il faudrait plus de 2 mois pour les fabriquer. Donc pour le moment, ce chantier est reporté. Heureusement qu’ils ont le chantier d’Antanimasaka pour le moment.
J 42 : Samedi 6 octobre
Ce matin on a été en ville, pendant que Vincent avait RDV avec Michel à Sanifer pour finir les devis. Au bout d’une bonne demi-heure, on a fini par trouver Surpham, un fournisseur de matériel médical, mais c’était fermé. Quand je passerai la semaine à Tananarive je ferais toutes les commandes. En attendant j’ai acheté le concentré de javel.
Nous nous sommes arrêtés dans une boutique qui vendait la marque Baobab et Maki. On a beaucoup parlé avec le responsable, un français, installé depuis 15ans. Il fait beaucoup dans le commerce équitable. Il cherche à faire du commerce, mais tout en faisant du social. Par exemple, il a formé deux artisans à travailler le cuir, cuir récupéré des chutes d’un grand maroquinier français. Il vend des produits recyclés…
Puis nous sommes allés à l’ancienne gare Soarano. Très propre. Dedans il y a quelques expositions et un café tenu par des français.
A midi, Seta nous a emmenés manger à l’extérieur de Tananarive. Steack de zébu au menu.
Puis, il nous a emmenés au marché des artisans le long de la digue. Il faudrait une journée entière pour en faire le tour ! Il y a de tout : cuir, peau de crocodile, paniers, objets tressés, instruments de musiques en bois, statuettes, tableaux, tissus, épices… Comme c’était la fin de la journée, les négociations étaient dures… mais j’ai acheté quelques souvenirs.
J 43 : Dimanche 7 octobre
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