Voilà le compte-rendu de la 7ème semaine d'Ophélie, qui vient de terminer sa mission à Antanimasaka où on lui a fêté son anniversaire.
Avant de rentrer en France, Ophélie passe quelques jours à la clinique St François d'Assise à Tana pour faire une évaluation.
Pour rappel, avec l'aide de Vincent nous avons entièrement rénové le service maternité de cette clinique, fin 2009. L'année suivante, Frédéric et Cindy, un jeune couple d'infirmiers, ont réalisé une très belle mission au sein de cette clinique pour revoir dans les différents services le problèmes d'hygiène. Donc cette évaluation que va faire Ophélie, nous intéresse vivement.

Le journal d'Ophélie - Semaine7

J 43 : dimanche 7 octobre
Nous avions rendez-vous à 8h30 devant la clinique. Michel est arrivé à 8h pour partir avec nous. A 9h toujours pas de nouvelles… et impossible de joindre Sr Cécile. Nous commençons à perdre patience. Peu après elle nous rappelle, mais nous dit qu’elle ne sait pas où est le chauffeur. A 10h, il arrive enfin. Il a dû attendre que les Soeurs aient fini la messe à Tananarive. Mais au lieu de nous prévenir de reculer l’heure, elles ont préféré ne rien dire, et nous laisser attendre. L’accueil a donc été un peu froid après presque 2 heures sans nouvelles.
Nous sommes arrivés à 11h30 à Manjakandriana. On a fait le point avec Sr Cécile. Nous avons déjeuné, puis nous avons repris la route pour Antanimasaka.
Vincent est resté le soir à Manjakandriana. Demain il ira commander à Sanifer après être passé à la banque.
J 44 : lundi 8 octobre
Pas de chauffeur ce matin, Sr Hermine est montée sur la motocyclette derrière le gardien et Sr Alphonsine est partie en vélo au marché. Il a fait plusieurs allers-retours pour ramener les provisions.
Jean-Christophe a fait le point sur le chantier et pris quelques photos de l’avancée. Ils ont fait le bac à dégraisser en béton, crépi les murs et les rebords de fenêtres.
Ce matin, j’ai remis en ordre le dispensaire. J’ai préparé les dilutions de Javel (achetée à Tana la semaine passée) et les explications pour Sr Hermine. J’ai fait ma lessive. C’était plus que nécessaire, étant donné la poussière qui avait envahi la voiture sur la route hier.
A 13h reprise au dispensaire. Le docteur est bien arrivé à 12h aujourd’hui. Consultation d’une dame âgée pour douleur abdominale. Elle lui prescrit plusieurs traitements, mais lui conseille d’aller à l’hôpital pour faire une échographie car elle sent comme une masse sur le flanc gauche. Puis autre consultation pour sinusite.
La dame avec l’épine dans le tibia est revenue : sa plaie est très jolie, elle est en cours de cicatrisation.
Le petit garçon avec ses kystes par contre, c’est beaucoup moins joli… Sa main est très inflammatoire, et la cicatrisation a régressé. Il reviendra mercredi, et le docteur l’enverra en dermatologie à Tananarive. Je suis déçue de la prise en charge, et de l’évolution. Je crois que nous arrivons à nos limites. Il est temps qu’il aille voir un spécialiste, j’espère que sa maman va vite agir. Car nous ne soignons que les symptômes, mais pas la cause.
J 45 : mardi 9 octobre
Ce matin : ouverture de la nouvelle école. Une quarantaine d’enfants accompagnés de leurs parents sont présents. En traversant la rizière pour rejoindre l’école, nous avons croisé les enfants du gardien. Sa petite fille Finoana, a fait tomber ses feuilles de couleurs dans la rizière. Son grand frère l’a juste aidé à ramasser les feuilles de l’eau, puis il a filé en direction de l’école. Elle pleurait toute seule. Je l’ai aidé à ramasser les feuilles et l’ai accompagné jusqu’en haut.
A 8h donc, chant de Madagascar et chant du diocèse, le tout en hissant les drapeaux devant l’école. Discours de la directrice, Sr Nathalie. Sr Lydia s’occupe des préscolaires = maternelle, soit une vingtaine d’enfants. Ensuite 2 professeurs se partagent le reste des élèves de primaire. Sr Emilienne et Sr Hermine s’occupent du parascolaire, le mercredi de 15 à 16h, à partir de novembre.
Certains enfants s’impatientent, ou pleurent.
Petit problème aussi : pas d’eau à l’école, alors que toilettes et lavabos sont prévus. En attendant que les travaux soient faits, ils doivent descendre à la rizière, par un chemin très pentu creusé dans la terre, dans des toilettes improvisées.
Retour au dispensaire. Journée calme : un patient âgé pour renouveler ses traitements et 2 ouvriers du chantier. L’un est venu car il avait la grippe la semaine dernière. L’autre a fait un malaise cet après-midi, avec céphalées : sûrement déshydratation et malnutrition.
Puis Sr Nathalie nous a fait savoir qu’elle a une imprimante dans son bureau, alors que depuis la semaine dernière on cherche un moyen d’imprimer et photocopier des documents… En haut, elles ont 2 imprimantes mais avec les cartouches vides. Et quand on leur a demandé comment elles allaient faire pour l’école ou pour imprimer des papiers importants, elles nous disent qu’en effet c’est embêtant, tout en omettant de nous dire qu’en bas elles en ont une qui marche… A chaque fois c’est pareil. On apprend les informations au compte-goutte, et elles nous disent que la moitié des informations. On perd du temps. Finalement, j’ai pu imprimer les papiers pour Sr Hermine pour le dispensaire.
Sr Nathalie nous a fait savoir, que le chauffeur ne serait pas disponible ce week-end, car il a organisé l’inauguration de son nouveau tombeau familial. Tant pis.
J 46 : mercredi 10 octobre
Ce matin, à 8h est arrivé le chauffeur. Finalement, il nous confirme qu’il pourra nous accompagner à Tamatave ce week-end. Belle surprise, je pensais ne pas y aller finalement.
Très peu de monde au dispensaire. J’en ai profité pour finir les cours au propre pour Sr Hermine. Je lui avais proposé de faire une évaluation à mon retour de Tananarive, mais elle n’a pas voulu, car elle n’a pas eu le temps de réviser les cours. Tant pis.
Le petit garçon est revenu dans l’après-midi. C’est mieux que lundi. Mais l’état est toujours fluctuant d’un jour à l’autre. On a essayé de changer de protocole. Le médecin a conseillé fortement la maman d’aller à Tananarive voir un dermatologue. Elle a fait le courrier et lui a donné une adresse. Mais aucune conviction qu’elle y aille réellement.
Ce soir pour mon anniversaire je ne pensais pas recevoir autant. Les soeurs m’ont offert 2 chapeaux, 2 lambahona, 2 T-shirt ; et Vincent et Jean-Christophe une harpe malgache « vali ». Evidemment j’ai eu le droit à la chanson malgache, au gâteau et aux bonbons
J 47 : jeudi 11 octobre
J’ai passé la matinée à l’école. Sr Lydia s’occupe de la classe des pré-scolaires. Sr Emilienne l’a aidé toute la semaine. A l’entrée dans la classe, quelques enfants pleurent. Notamment la petite fille d’une des 2 maitresses, et 2 petits garçons jumeaux. Il y a plus de 20 enfants en classe.
Tout commence par des chants chrétiens avec l’ensemble des élèves dans la cour, pendant 30 minutes. Puis, en rang devant la classe, 1 rang de filles et 1 rang de garçons, Sr Lydia leur apprend les premières règles.
Enfin ils rentrent dans la classe, il y a 4 rangées de tables, chacune d’une couleur différente. Ils déposent leur gourde et leur goûter. Elle leur apprend la politesse en français : « bonjour ma Soeur » « bonjour maitresse » « merci » « asseyez-vous » « croisez les bras »… Puis elle m’a demandé une chanson, alors je leur ai appris « une souris verte ». Vers 10h30 ils ont pris leur gouter, puis de 11h à 11h30 la récréation dans la cour. Pour jeux ils ont une balle, des petites voitures, des nounours…
Le midi les enfants rentrent manger chez eux, ou alors leurs parents apportent le repas pour pique-niquer. L’école reprend de 14h à 16h. Ils font la sieste de 14 à 15h.
Ce qui m’a choqué avec ces enfants est leur état dentaire. A même pas 6ans, ils ont les dents pleines de carries, noires, à moitié rongées… Je ne sais pas si c’est dû à la malnutrition ou à un manque d’hygiène dentaire, mais je pense qu’il y a quelque chose à faire de ce côté-là quant à l’éducation. Peut-être un thème pour une prochaine mission à Antanimasaka !
Ce soir, j’ai aidé Vincent et Jean-Christophe à faire les comptes rendus. J’ai demandé à Sr Hermine de me remplir une feuille d’évaluation de ma mission.
Au repas j’ai été encore surprise par les soeurs qui m’avaient fait des cadeaux d’adieu : sac, serviette de table et tablier brodés et chapeau, encore ! Je ne m’y attendais pas. Elles m’ont remercié pour ce que j’avais apporté à la congrégation et pour ma participation au quotidien. Je les ai toutes remerciées moi aussi, refais un tour de bises, et remercié particulièrement Sr Hermine pour sa participation à la formation.
J 48 : vendredi 12 octobre
Départ à 6h30 pour Tamatave = Toamasina !
Nous sommes arrivés à Manjakandriana à 8h15. Avant 9h nous reprenons la route. Nous passons par le lac de Mantasoa (ou je suis allé le 1er jour). Daniel, le chauffeur, nous emmène jusqu’à l’Hermitage : un hôtel restaurant 3 étoiles, avec un joli parc qui donne sur le lac. Et nous repartons. Vers 11h30, nous sommes à Moramanga. Nous nous arrêtons une petite heure pour manger et Daniel en profite pour aller voir son frère. Jusqu’à Tamatave, pendant les 4h de route restantes, le paysage change. Les eucalyptus laissent au fur et à mesure la place aux ravenalas : arbres du voyageur, et aux cocotiers. Nous atteignons Tamatave vers 17h. On demande aux passants s’ils connaissent cet hôtel ou l’adresse mais aucune réponse positive. Nous tournons presque 1h et impossible de joindre l’hôtel au numéro. Finalement Daniel appelle sa nièce. Son mari est taxi : peut-être qu’il connaitra l’hôtel. Pas de réponse positive non plus. Nous rappelons l’hôtel, que nous avons enfin au bout du fil. Grâce aux indications, nous pouvons aller dans la bonne direction. Il se trouve finalement à même pas 5 km du centre-ville, après l’aéroport, au bord du canal des Pangalanes. Nous suivons les panneaux, mais la route en terre n’est pas éclairée, nous passons à travers les bananiers sans savoir vraiment ou nous allons. Pas de lumière non plus au loin… Au bout de 5 minutes, nous voyons une maison, avec un 4x4 devant. Pas de lumière. Nous nous arrêtons et descendons. Là, une malgache qui parle très bien français nous accueille et nous confirme que nous sommes bien au bon endroit. Ouf ! Enfin !
Nous la suivons, derrière les bambous, nous montons 3 marches qui arrivent sur une grande terrasse autour d’une piscine. Autour : quelques tables pour le restaurant, et au fond le bar. Le tout éclairé de quelques lumières de couleurs tamisées. Nous traversons le restaurant, et arrivons à un bungalow. Spacieux, 2petits-lits et un grand. Une salle de bain et toilettes. Inconvénient : pas d’eau chaude. Tant pis nous ferons avec ! Nous sommes à 5 m du canal, nous entendons du bruit dans le noir… une pirogue passe par là.
Après une bonne douche, à l’eau froide, nous sommes prêts à diner. Nous prenons une darne d’espadon. Délicieux. Le responsable est un français, un breton, qui s’est implanté à Madagascar depuis quelques années.
Pour la nuit nous avions les moustiquaires, mais pas de moustiques aux alentours. Nous nous sommes endormis, bercés par la pluie qui commençait à s’abattre sur le bungalow.
J 49 : samedi 13 octobre
Réveillés tôt comme d’habitude, le temps est humide, une pluie fine règne dehors. Le soleil est levé, les pirogues se succèdent devant nos yeux. Elles transportent tantôt des marchandises, tantôt du bois. Petit déjeuner au bord de la piscine. Nous partons sous la pluie battante, mais arrivons à Tamatave sous le soleil et la chaleur. Nous trouvons d’abord un quincailler pour un peu de matériel pour le dispensaire. Puis nous trouvons le centre horticole, que le responsable des bungalows nous a indiqué la veille. On y trouve toute sortes d’épices : vanille, cannelle, clous de girofles, poivre, piment… confiture, miel.
Puis dans la journée nous avons été à « bazar kiely » et « bazar bé ». Le second est surtout un marché d’artisanat : épices, fruits, tableaux, sculptures… Nous avons mis les pieds dans l’océan indien. Quelques personnes se baignaient. Deux chevaux pour les balades. Nous avons fait un petit tour en pousse-pousse. Malheureusement, ils ont voulu nous arnaquer au moment de payer…ce qui a gâché un peu l’après-midi.
En rentrant au bungalow, des français expatriés profitaient de la piscine avec leurs enfants pour l’après-midi. Nous avons un peu discuté. Ils habitent à la Réunion et viennent de temps en temps en vacances à Tamatave.
Une coupure de courant a duré un bon moment. Nous sommes restés au bar à discuter à la lueur des bougies.
Deux françaises sont arrivées elles se sont plaintes de ne pas avoir d’électricité, de ne pas avoir d’eau chaude et d’avoir des rats en compagnie… Ils les ont changé de chambres.
Ce soir j’ai goûté au rougail de saucisse, et en dessert banane flambée. Mais la chef nous dit qu’elle ne peut pas les flamber car il n’y a plus de rhum. Elle nous explique, tout en rigolant et gênée, que le patron s’est trompé et a mis le rhum à la place de l’essence dans le scooter… Il n’y a qu’ici qu’on entend des histoires pareilles…
J 50 : dimanche 14 octobre
Retour pour Manjakandriana. Nous avons quitté le bungalow à 6h30. Sur la route, nous avons acheté coco et bocanelles. Nous sommes arrivés à 13h. Les soeurs n’avaient toujours pas mangé. Elles sont revenues tard de la messe car il y avait les communions ce matin. A peine sortis de tables, le prêtre est arrivé, nous nous sommes remis à manger du gâteau.
Les soeurs sont déçues que je ne reste pas ici. Mais le temps passe vite. J’ai fini ma mission. Maintenant il ne me reste plus que 10 jours avant de rentrer en France, et donc 10 jours pour évaluer la clinique St François.